La démarche et la méthode
Chemins de foi, chemins qui changent,
Chargés d’histoire, les chemins de pèlerinage français sont de plus en plus empruntés. Les routes vers Saint-Jacques-de-Compostelle et ses autoroutes de marcheurs, le camino francès sont des exemples : quelque 300 000 marcheurs l’ont traversé pour arriver à Santiago en 2017 ; une fréquentation qui ne cesse d'augmenter depuis les années 1990. Les enjeux sont multiples : culturels d'abord, avec une pratique qui se veut historique, ancienne, et des sentiers qui traversent des espaces exceptionnels, et des bâtisses désormais inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO.
L'enjeu est aussi commercial : un flux de plusieurs centaines de milliers de marcheurs est un atout considérable pour les communes et les territoires que le chemin traverse. C'est aussi une manne intéressante pour de nombreux commerçants. Résultat le chemin se transforme, la pratique de pèlerinage change. On ne pèlerine plus seulement au nom de motivations religieuses, mais aussi pour des raisons spirituelles, sportives, ou culturelles. Le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle s'inscrit dans la mouvance directe d'un tourisme religieux en pleine métamorphose. En, face, l'offre existante se structure, tant au niveau des structures d'accueil des pèlerins que les services qui leurs sont proposés (transport de bagages d'une étape à une autre).
Pour autant les itinéraires diffèrent, et la fréquentation de marcheurs n'est pas la même sur les différentes voies de pèlerinages.
Viennent aussi les pèlerinages locaux, comme le mythique Tro Breiz breton, où plus de mille marcheurs se retrouvent chaque année pour pérégriner ensemble. Autre tourisme religieux, ces autres pérégrinations proposent une autre vision de la pratique de pèlerinage.
La démarche
Etudiant en alternance à l'Ecole Supérieure de Journalisme Pro de Montpellier, ce blog a été réalisé dans le cadre de ma formation. Je vous invite à cliquer ici pour visionner les différents sites internet de mes camarades de promotion, allant du street art, à la bière en passant par le traitement des mineurs placés en détention.
Pourquoi les chemins de pèlerinage ?
Dans l'imaginaire collectif, le pèlerinage renvoie à plusieurs idées. Cette image d'un homme ou d'une femme pieu ou pieuse, habillés de guenilles, marchant dans la piété et la pauvreté. L'aspect religieux y est aussi fondamental : le pèlerin est souvent associé à l'idée de dévotion et de souffrance.

Mon grand-père et moi-même sur le chemin.
Rien de tout cela sur les chemins. En 2013, j'ai foulé pour la première fois les sentiers de Saint-Jacques-de-Compostelle, aux côtés de mon grand-père, Marc Serradeil. Alors en études de sociologie, je restais admiratif de ce brassage culturel et social entre pèlerins. Les marcheurs viennent de tout pays, et de différents milieux social. Certains marchent vite en regardant l'horizon, d'autres prennent leur temps, la tête baissée. Il n'existe pas une façon de pèleriner et sans connaître fondamentalement la pratique, on y voit une activité qui change, qui s'est transformé, et qui a métamorphosé aussi les territoires qu'elle traverse.
Mais le plus frappant fut sans nul doute ce que les plus adeptes appellent "l'esprit du chemin". Cette solidarité naissante à chaque coin de sentier. Qui eût cru qu'il fallait un bâton à la main et une coquille accrochée au sac pour que toute personne dans votre environnement direct vous décroche un bonjour et un sourire. Sans compter les générosité de nombreux marcheurs et hôtes. Elle est dans le parler, dans l'hospitalité, dans les gestes et les petits services de tous les jours. Étrange pensée qui m'est venue : je me disais alors que s'il existait une "économie du pèlerinage", elle ne se basait pas sur le profit. Et dans ce cas qu'il était difficile qu'elle s'articule aisément avec une économie de tourisme.
C'est curieux ce qu'il se passe sur ce chemin. Rien de tel que d'y mettre les pieds pour essayer de comprendre.
La méthode
J'ai effectué deux sessions d'observations et de rencontres pour ce travail. Dans un premier temps, je me suis rendu quelques jours à Auvillar, un village du Tarn-et-Garonne qui compte plus de 800 habitants. Auvillar est traversé par le chemin de Grande Randonnée (GR) 65, le plus fréquenté des quatre routes de Compostelle de France.
Je souhaitais comprendre l'organisation des structures destinées à accueillir des pèlerins, en partant à la rencontre de propriétaires de gîtes, de chambres d'hôtes, d'hôtels, et de restaurants. Le tout dans un village qui vit de l'économie de pèlerinage. Il s'agissait alors de séjourner dans un gîte d'étape pendant une certaine durée. Cela m'a permis de rencontrer plusieurs pèlerins, et d'aller enquêter auprès des structures d'accueil locales.
Pèlerin journaliste
Cette année, j'ai pris le bâton et le cas à dos. Je suis parti cinq jours, du 25 au 29 juillet 2018. Durant ce périple, je souhaitais rencontrer des pèlerins et des hébergeurs, aux profils différents. J'ai donc séjourné une nuit en hôtel, une nuit en gîte d'étape, une nuit en gîte communal et une nuit en chambre d'hôte.
Direction Saint-Jean-Pied-de-Port. Ce village des Pyrénées-Atlantiques est une véritable plaque tournante du pèlerinage de Compostelle. C'est d'ici que la plupart des pèlerins démarrent leur pèlerinage pour Santiago. D'autres, arrivant de la voie de Tours, du Puy-en-Velay ou du Vèzelay, terminent ici leur marche en territoire français.
En 2017, près de 57 295 pèlerins ont été recensés sur place par l'association des « amis du chemin de Saint Jacques ». Sur place, se trouve un bureau d'accueil des pèlerins : nombreux d'entre eux viennent sur place pour écouter les derniers conseils avant de franchir les Pyrénées.
Le lendemain matin, j'ai pris un transport très utilisé par les pèlerins : les taxis Claudine.
Trajet effectué en juillet 2018. Du premier point A au second point A, le trajet a été effectué en taxi.
La traversée fut difficile, le sac bien lourd avec mon matériel de journaliste. Mais l'expérience est enrichissante et pleine de rencontres.
Voici quelques vidéos effectuées durant le périple :
Autres chemins
Dans ce blog, il est également questions d'autres pèlerinages, d'autres chemins, moins fréquentés. C'est le cas du Tro Breiz (le pèlerinage de Bretagne), ou encore de la Voie d'Arles, ou de celle de Saint-François d'Assise qui passe par les Pyrénées-Orientales. J'ai eu l'opportunité de les étudier en tant que journaliste dans les rédactions de l'Indépendant et de Ouest-France.
En vous souhaitant une bonne lecture, un bon voyage et surtout, buen camino !
D'habitude, ces derniers sont réservés pour transporter des bagages, ou des pèlerins qui en terminent avec leur marche. La rencontre était là encore nécessaire. La voiture m'a laissé à Aroue (Pyrénées Atlantiques). De là, j'ai entamé mon pèlerinage, en sens inverse, jusqu'à Aire-sur-l'Adour dans les Landes. Marcher dans le sens contraire me permettait de croiser de nombreux pèlerins et de leur poser des questions.