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Différencier les « usurpateurs »

des vrais pèlerins

Un crédential, passeport du pèlerin. Grâce à ce document, de nombreux pèlerins peuvent bénéficier de tarifs préférentiels sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais les motivations qui poussent un pèlerin à marcher sont personnelles et intimes. 

Si les modes de pratique de pèlerinage ont changé, les structures d’accueil territoriales ont dû s’adapter face à l’arrivée de nouveaux types de pèlerins, loin de « l’esprit du Chemin ».

Depuis quelques années, les routes vers Saint-Jacques-de-Compostelle connaissent un essor nouveau : on passe ainsi de 4918 pèlerins en 1990 à 260.396 cheminants en 2015. Le changement est considérable mais ne concerne pas que le nombre : les motivations qui poussent le pèlerin à partir de chez lui sont elles aussi multipliées. Bien sûr, la religion occupe une place prépondérante dans la pérégrination, mais elle a vu naître à ses cotés des aspirations spirituelles, sportives et touristiques.

A ce titre, les structures d’accueil des pèlerins ont vu fleurir hôtels, gîtes et chambres d’hôtes, si bien que certaines routes ressemblent moins à des chemins de croix qu’à des tours opérateurs.

 

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Le cas des Pyrénées-Orientales

 

Le chemin de pèlerinage catalan est en plein établissement. En cela, il vient pleinement cristalliser les craintes des acteurs du territoire à ce sujet. En témoignent ainsi les difficultés de Jean-Pierre Vidal, président de l’association des Amis de Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le département.

Celui-ci tente depuis le début de son mandat de convaincre commerçants et hébergeurs d’établir un tarif préférentiel pour les pèlerins, sous réserve de d’une présentation du crédential : le passeport du pèlerin. Le problème : des prix qui viendraient concurrencer les structures touristiques : « Certains commerces plaident la concurrence déloyale », constate Patrick Lecroq, président de l’association des commerçants de Villefrance-de-Conflent.

 

« Y a t-il une piscine ? »

 

Ce serait une entreprise « non rentable » selon de nombreux commerçants, pour plusieurs raisons. Traditionnellement, même s’il ne bénéficie pas de statut juridique à part, le pèlerin organise sa traversée dans un esprit de piété, tant matérielle qu’économique, « même s’il est difficile pour nous de distinguer entre tous les vrais pèlerins et ceux qui ne marchent pas dans cet esprit traditionnel, et qui font de la randonnée ou du tourisme », témoigne Jean-Pierre Vidal.

Le crédential, passeport du pèlerin, atteste désormais des motivations religieuses de son porteur, sans pour autant assurer de la bonne foi de chacun. Le phénomène fut notamment visible à Millas, où Nicole Pascal a mis à disposition une roulotte à un prix « pèlerin » : « J’ai eu des personnes qui me demandaient si j’avais une piscine », raconte la Millassoise.

 

Bataille contre un immatèriel

 

Du côté de l’Association des Amis de Saint-Jacques de Compostelle, c’est le même constat : « J’ai reçu des personnes ici qui voulaient savoir si on organisait des excursions sur le chemin de pèlerinage », explique Jean-Pierre Vidal. Pour le président d’association, c’est une lutte constante pour différencier les « usurpateurs » des vrais pèlerins : « Il y a une âme sur ce Chemin ».

Dessin de Sébastien Piera, paru dans le journal L'Indépendant le 23 août 2016

Pour l’heure, l’association joue les intermédiaires entre pèlerins et les hébergements du département. Entre le manque de structures d’accueil et l’imposture constante de « faux pèlerins », il y a bien des difficultés à convaincre les structures commerçantes et publiques locales. Et surtout, à créer un véritable esprit de cohésion autour du projet.

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A propos
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Etudiant en journalisme à l’Ecole Supérieure de Journalisme Pro de Montpellier, je suis parti à la rencontre d’hébergeurs, d’hôtes, de commerçants, d’acteurs du territoire et bien entendu de pèlerins.

 

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