
Le Tro Breiz,
La force du pèlerinage en groupe
Plus de 1 300 pèlerins cheminent sur le Tro Breiz, le pèlerinage de Bretagne. Partis de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), ils arrivent aujourd'hui à Tréguier (Côtes-d'Armor) après 150 km, un exercice physique et spirituel.
Le pèlerinage du Tro Breiz est considérablement différent de celui de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ici, les pèlerins marchent en groupe, et effectuent une semaine de pèlerinage dans l'année.

Les premiers rayons de lumière percent quelques nuages, et Plestin-les-Grèves (Côtes-d'Armor) s'éveille au son des bâtons qui tapent le pavé. Quelques pèlerins avancent dès potron-minet, le soulier qui chante : direction la salle de restauration de l'An Dour Meur. D'autres préfèrent se tourner vers les commerces locaux : boulangeries, charcuteries et autres points de vente sont pris d'assaut. « Avec les deux autres boulangeries locales, nous avons fourni près de 800 viennoiseries à l'organisation », précise Bruno Fustec, boulanger-pâtissier à Plestin-les-Grèves.
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Pas de doute : la masse des 1 300 marcheurs était attendue. Des camions pour transporter les bagages d'une étape à l'autre, des traiteurs prêts à livrer plus de 10 000 repas en une semaine. Chaque année, il est proposé à des centaines de marcheurs d'effectuer près d'une semaine de marche, ensemble, sur l'une des sept portions du tour de Bretagne. Un pèlerin qui réalise les sept portions à pieds reçoit une certification sous forme de parchemin. En plus des fabuleux paysages bretons qu'il offre, le Tro Breiz est aussi unique par son organisation. À en faire pâlir les coquilles jacquaires
Départ de près de 1300 pèlerins, qui marchent ensemble sur le Tro Breiz.
jacquaires, le signe distinctif des pèlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle.« J'ai fait le Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle deux fois », relate Michel Duplaa. À 900 kilomètres de son Béarn, pour son premier tour de Bretagne, le marcheur est époustouflé par l'ampleur de l'événement. « C'est très différent de Compostelle. »
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Marcher en groupe
Dans la foule, Francine Cossé et sa petite-fille, Célia, les chaussures trop grandes pour ses pieds. « Quelqu'un a pris mes chaussures par mégarde : je marche avec des chaussures taille 42, alors que je fais du 40. Ça ne doit pas être confortable pour l'autre personne », s'amuse la petite-fille de 12 ans. La vie en groupe impose parfois son lot de surprises.
Elles ont attrapé le virus du Tro Breiz. Francine boucle la boucle cette année après avoir marché, depuis 2011, entre les villes des sept fondateurs de la Bretagne. Elle aura son parchemin à son arrivée à Tréguier, en guise de témoignage.
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Le Tro Breiz n'est pas un circuit de promenade. Ça s'observe sur les visages de ses pèlerins. Dans la foule, quelques exclamations de surprise en lisant le descriptif de l'étape du jour, avant de se mettre en marche : « Quoi ? 27 kilomètres ? Ils avaient dit qu'ils n'en comptaient que 25... Les deux derniers kilomètres vont être durs ». Avec près de sept heures de marche par jour, les pieds se font lourds.
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Marie-Joseph le sait parfaitement. Membre de l'organisation, cette cheminante ouvre la marche et réalise le Tro Breiz depuis qu'il a été relancé, en 1994 : « Aujourd'hui, il y a de plus en plus de jeunes, et de personnes de nationalités différentes : ça m'émerveille ».
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Circuit de rencontres et d'émotion : au-dessus des têtes, étendards et drapeaux flottent à foison. Des pèlerins, mais une masse uniforme : tous marchent à l'unisson.

Des fourgonnettes vendent des objets en rapport avec le Tro Breiz (écussons, cartes postales). Une pratique inconnue sur le chemin de Saint-Jacques.